MA MÈRE VIENT DE M’ENVOYER CE LIEN QU’IL FALLAIT QUE JE PARTAGE AVEC VOUS !
Les Camerounaises me font rire. Elles sont obnubilées par cette histoire de fidélité au point d’en faire leur Saint Graal, leur quête existentielle. On dirait que pour une femme, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue si son gars, lui est infidèle. Et parfois dans les kongossa, je les entends décréter urbi et orbi « mon gars je le tiens, il ne tente même pas ! ». Je ris mesdames. Moi, Florian Ngimbis, grand marcheur devant l’Eternel, je fréquente des hommes de toutes les catégories : amoureux, petits amis, concubins, maris et j’ai fait une découverte qui dans un pays sérieux me vaudrait le prix Chantou de sociologie : le Camerounais fidèle n’existe pas. Ne me sortez pas le truc con du « faut pas généraliser ». Ici, on parle d’une tendance pas d’individus.
Ce billet a pour objet de vous faire perdre vos illusions mesdames. Vos illusions sur la fidélité, car le Camerounais fidèle est le Camerounais qui ne s’est jamais fait prendre. C’est le manipulateur, expert en mensonge, duplicité, tromperie, jonglage, cryptage au plus haut niveau.
Conscience zéro
Première leçon mesdames : sachez que le Camerounais ne considère pas l’infidélité comme une déviance. Enfin, c’en est une vis-à-vis de son couple, mais pas vis-à-vis de la société. Oui, pour nous autres Camerounais, un homme n’est rien sans sa ndjomba, son deuxième bureau, son chat mort, son piano, sa panthère, RIEN ! Et autant vous mesdames êtes reconnues comme épouses ou petites amies officielles, autant dans l’entourage de votre mari, concubin ou petit ami sa ndjomba a un titre officiel et est connue d’eux, car forcément appelée à les rencontrer dans les soirées et autres évènements où il la traîne. Et ça n’empêche pas ses amis et collègues de vous donner du Madame Untel hein ? Sans aucun remords : pas de crime, pas de problème de conscience.
Et un, et deux, et trois zéro !
Ce n’est pas seulement le qui veut hein ? Encore faut-il le pouvoir ! Tout autant que la polygamie, les ndjombas coûtent cher. Donc, mesdames, plus votre « chou » pèse en termes de C fa, autant il est fort en multiplication ndjombaïque. Jadis, quand la bantouité rencontrait l’argent, le cocktail qui en résultait, c’était un foyer polygamique. N’est ce pas les Blancs sont arrivés avec la religion et tout le toutim et ont mis dans la tête des gens que la monogamie c’était le progrès ? Je ne me vante pas de l’avoir découvert, mais cette théorie pourrait expliquer la naissance du concept de ndjomba. Les femmes ont crié et interpellé le progrès pour condamner la polygamie. Le bantou en stratège a récupéré des éléments de ce progrès pour en faire des armes redoutables.
Le téléphone est l’arme absolue du bantou.
C’est la base de données de ses ndjombas et le moyen de liaison le plus rapide. Vous imaginez ce qu’il fallait comme logistique avant, quand il n’en existait pas ? La souffrance pour organiser un rendez-vous galant avec une ndjomba dans un hôtel à Emana alors qu’on vivait à Mvan ? Vous imaginez ? L’attente dans une chambre prépayée alors que la gourgandine est peut-être encore de regarder son feuilleton ou a décidé de ne pas bouger ? Vous imaginez les AVC ?
Autre chose : les gars efficaces savent une chose : éviter les SMS. Toute trace écrite est dangereuse. Et les télégrammes de cette diplomatie du coeur peuvent fatalement tomber entre les mains d’un Bradley Manning. Les smsleaks dans un couple ça fait mal hein ? Le Camerounais a aussi un cryptage téléphonique de ses contacts féminins. Les femmes sont parfois paranoïaques au point de jeter un oeil sur votre téléphone quand il sonne à portée de regard. Hein ?
C’est qui la Charlène là ? Mais le bantou dispose de méthodes de cryptage : Masculinisation du prénom (Charlène devient « Charlie ») suivie d’une lettre témoin, N comme « ndjomba » ou P comme « petite » genre « Charlie P. » Remplacement du patronyme de la ndjomba par le nom de votre lieu de rendez- vous habituel (Charlène devient « La cachette Bar ») Ou alors le truc le plus simple : utiliser tout simplement le nom de la ndjomba à la place de son prénom. Charlène Atangana devient « Atangana » tout court. Homme ou femme ? Bien sorcier qui le devinera. Je recommande fortement la dernière astuce… Mieux qu’Enigma…
La voiture
Un autre élément du progrès qui aide le bantou infidèle, c’est la voiture. Considérée comme un signe extérieur de richesse, j’entends souvent des lianes se vanter : « Mon gars a la voiture ». Je ris ! La voiture hein ? Sachez mesdames que dans la guerre asymétrique que les hommes vous livrent, la voiture est un moyen de frapper partout, rapidement et sans trace. Un bantou, un vrai gars qui a la voiture peut vous dire le matin au petit déjeuner « Au revoir chérie je m’en vais travailler », prendre la route de Soa au lieu de celle de son bureau, se vautrer dans le lit d’une étudiante, aller manger le kanga à Mbalmayo l’après-midi avec la ndjomba, rentrer sur Yaoundé, la déposer à Soa vers 18 heures et vous dire vers 20 heures avec une mine fatiguée : « Le travail là est dur hein chérie ! ».
Le petit beau ou cousin
Et puis les femmes détestent les amis célibataires ou non maqués. Les gars comme moi, censés « entraîner » leur moitié et leur « donner des filles ». Laissez-moi rire ! Un bantou n’a pas besoin de son ami pour avoir une ndjomba. Surtout que si son ami est un tireur d’élite, il sait qu’en l’envoyant au front, il pourrait livrer la bataille et s’accaparer du trésor. Un vrai bantou a toujours un larbin, un tchinda du quartier qui est son « petit de confiance », son rabatteur, son 10. Oui madame le petit que tu envoies payer les factures d’électricité là, ton mari l’appelle aussi souvent pour autre chose. Et puis même, parfois le petit beau-frère, oui, ton petit là qui glande à la maison est le meilleur ami de ton mari et son rabatteur. Pourquoi il trahit sa soeur ? Vous rigolez j’espère ! Sa soeur qui n’a jamais l’argent là ? Qui l’insulte tous les jours là ?
Eteins la lumière d’abord !
Il y a un spécimen de couples (j’en connais) qui ne font pas de trucs « bizarres » au lit. Ces couples, souvent ceux des jeunes premiers bamilékés qui invoquent très souvent une pruderie formulée ainsi : mon frère ! Tu veux que ma femme me fasse ça ? Avec la bouche qui embrasse mes enfants ? Ayaaaaaa ! Mesdames, je vous pitié si vous en faites partie ! Parce que votre mec là, si droit, si prude, ce qu’il ne veut pas que vous lui fassiez là, je vous jure qu’il ya toujours une autre là dehors qui le lui fait et bien!
Quelques conseils pour la route
Oubliez le truc de l’anneau nuptial mesdames, il n’a pas sauvé Gollum, il ne vous sauvera pas. Le bantou, le vrai dit hoha à sa ndjomba qu’il est marié. Du coup, il n’a pas à jongler sur deux tableaux, la seule qu’il jongle c’est vous ! Oubliez les aussi les interrogatoires musclés là ! Un bantou camerounais ment sans cligner des yeux. Il est capable de résister à un interrogatoire de la Gestapo sans se dédire, car il a compris que pour bien mentir il faut toujours faire reposer son mensonge sur un socle de vérité. Ainsi, s’il est allé chez sa ndjomba à Soa, y a mangé, puis forniqué, à la question « où étais tu ? » il répondra : « Chez ma tante à Soa, malheureusement je ne l’ai pas trouvée, j’ai eu une crevaison et pendant qu’on changeait ma roue, je me suis arrêté à Dernier Poteau pour manger la viande de brousse. »
Il évite le coup de « je vais appeler ta tante » du « pourquoi tu as mis tout ce temps ? » et par la même occasion le piège de « pourquoi tu ne manges pas mon kpem, tu as mangé où ?» Au pire, la pauvre s’énervera : « Encore toi et la viande brousse ? Tu n’entends pas que Ebola est dehors ? Quand j’expose tout ceci on me parle souvent de l’amour. L’amour dans tout ça Florian, qu’est ce que vous en faites ? L’amour hein ? L’amour pour un bantou est un mélange de dot versée, de mariage célébré, d’enfants reconnus, scolarisés, de ration versée, de factures réglées, de devoir conjugal accompli à période plus ou moins fixe.
Madame si votre camerounais de mari vous fait tout ce que je viens de citer, alors dans sa tête oui, il n’est pas infidèle, il vous aime. Fermez les yeux sur les ndjombas, les dossiers, les bureaux. Vous êtes sa femme, l’aéroport comme vous dites, où l’avion qu’il est finira par atterrir après de multiples escales. Ce n’est pas normal ? Moi quoi là dedans ? Je n’ai envoyé personne être en couple avec un bantou, camerounais de plus. Donc à moins de faire votre vie avec un intégriste pentecôtiste, va falloir supporter, car dans ce pays, même les prêtres cocufient le Saint-Esprit… Dieu est grand, mais camerounais n’est pas petit. Peace !
© kongossa.mondoblog.org : Florian Ngimbis
de haller
octobre 7, 2014c’est intéressant mais j’aimerais lire pour les hommes
wweyqb@gmail.com
octobre 31, 2014Un article très passionnant ! Merci