Galliano espère une renaissance ! L’un des couturiers les plus éblouissants de sa génération (je le pense fermement), assure en avoir fini avec les excès qui ont brisé sa carrière chez Dior et provoqué sa descente aux enfers.
En quinze ans, le Britannique avait su réécrire la légende de la vénérable maison Christian Dior avec sa fantaisie et son énergie créatrice hors du commun, orchestrant des défilés somptueux et extravagants, et régnant sans partage sur l’image de la marque, de la mode aux très lucratifs accessoires et parfums.
Jusqu’à ce que tout bascule en février 2011, quand une altercation oppose le couturier ivre à des clients d’un bar parisien, à qui il lance des injures antisémites. Dior annonce le licenciement de son créateur star, condamné en justice six mois plus tard à 6 000 euros d’amende avec sursis. S’ensuit alors une traversée du désert de trois ans et demi.
Nommé lundi directeur créatif de la Maison Martin Margiela, Galliano, qui répète n’être ni raciste ni antisémite, affirme désormais être sobre et avoir remplacé l’alcool par la « foi ».
« Je suis heureux. Je ne l’étais pas avant », disait-il dans une interview récente sur la chaîne Canal+, confiant avoir fait un « énorme travail » sur lui-même en cure de désintoxication en Arizona et rendant hommage au soutien « incroyable » de son compagnon Alexis.
« Je sais qu’il y a des gens qui ne me pardonneront jamais », reconnaissait toutefois le couturier aux cheveux longs, ajoutant faire son « retour à la créativité pas à pas ».
Galliano, de son vrai nom Juan Carlos Galliano, est né en 1960 à Gibraltar dans une famille modeste : son père Juan, anglo-italien, est plombier de profession, sa mère Anita, espagnole, est amatrice de flamenco.
Arrivé dans le sud-ouest populaire de Londres à l’âge de six ans, le garçon timide a bien du mal à trouver ses repères. « Les gens d’ici ne comprenaient pas du tout d’où je venais », confiait-il. Sa mère fantasque l’endimanche au moindre prétexte, comme ses sœurs.
En 1990, il s’installe à Paris et change plusieurs fois de financiers, avec l’aide notamment de l’influente rédactrice en chef de Vogue Anna Wintour, avant d’être repéré par Bernard Arnault, patron du numéro un mondial du luxe LVMH, qui le nomme chez Givenchy en 1995.
L’année suivante, c’est la consécration : il prend les rênes de la création chez Dior. La première tenue qu’il réalise est une robe portée par Diana à l’occasion des 50 ans de la griffe.
Au fil des collections, John Galliano se distingue par son art de la coupe, ses mélanges savants de matières nobles, l’éclat de ses couleurs. Quand d’autres stylistes se contentent de dessiner des modèles, il maîtrise parfaitement les techniques du drapé et du biais.
Pendant ses trois ans et demi d’excommunication du milieu de la mode, le couturier a fait parler de lui à quelques occasions : il a créé la robe de mariée de son amie Kate Moss à l’été 2011, apporté une touche très remarquée à un défilé du créateur Oscar de la Renta lors de la Semaine de la Mode à New York en février 2013.
Avant de réapparaître en mai dernier en Russie, où il a été nommé directeur artistique de L’Etoile, la plus grande chaîne russe de produits de beauté.
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