Back History Month | KATOUCHA la "Princesse Peule" écorchée.

Le mois de l’histoire des Noirs (anglais : Black History Month) est une célébration annuelle de l’histoire de la diaspora africaine. Il est célébré en février aux États-Unis et au Canada et, en octobre au Royaume-Uni. Je ne suis pas aux states mais j’apprécie ce mois fort intéressant que je prends beaucoup de plaisir à mettre en avant .

Comme chaque année depuis l’ouverture de mon blog, je reprends quelques biographies de femmes (pour la majeure partie du temps) qui, ont apporté une pierre à l’édifice afin de faire évoluer les conditions sociales, culturelles, économiques, politiques, technologiques etc…, des noirs.

KATOUCHA NIANE

KATOUCHA NIANE

Aujourd’hui, je partage avec vous un petit bout de la vie de KATOUCHA, un des mannequins les plus emblématique de notre époque…

Cela fait bien 8 ans que la « princesse Peule » venue tout droitee Guiné, Katoucha Niane, âgée de 47 ans est décédée.

A l’époque, sous la dictature de Ahmed Sékou Touré, elle s’expatrie au Mali quelque temps. Elle y est abusée sexuellement par un oncle, avant de rejoindre, à douze ans, sa famille à Dakar.

À 17 ans, elle est enceinte d’une fille (Amy), on la marie d’office en sortant de l’hôpital pour pouvoir baptiser sa fille huit jours après sa naissance. Elle s’enfuit alors à Paris.

(FILES) - Photo taken on October 18, 1992, shows Guinean model Katoucha Niane during the 1993 Ready-to-wear Spring /Summer collection fashion show in Paris.

(FILES) – Photo taken on October 18, 1992, shows Guinean model Katoucha Niane during the 1993 Ready-to-wear Spring /Summer collection fashion show in Paris.

Elle débute sa carrière de mannequin en France dans les années 1980, en étant mannequin-cabine chez Lanvin, puis en défilant pour Thierry Mugler, Christian Lacroix, Paco Rabanne.

Surnommée affectueusement « la princesse peule » dans le milieu de la mode, Katoucha Niane devient l’égérie d’Yves Saint Laurent, succédant à Rebecca Ayoko (mannequin Ghanéen ayant ouvert les portes aux autres femmes également) . Dans la continuité, elle tente une carrière de styliste et réussit trois défilés, le premier grâce à son ami Raymond Visan, au Buddha bar, le second à l’Espace Cardin et le dernier à l’École des Beaux-Arts.

Défilé Yves Saint Laurent

Défilé Yves Saint Laurent

L’un des premiers top-models noires était bel et bien cette femme forte et si fragile à la fois qui a redéfini les critères de beauté dans les années 80.

Si tant de projets dont elle était à la tête ont aidé les jeunes africains à réussir dans le mannequinat, le combat qui lui tenait le plus à cœur était la lutte contre l’excision.

Katoucha-Niane-1

En septembre 2007 elle crée d’ailleurs l’association KPLCE (Katoucha Pour la Lutte Contre l’Excision), allant sur le terrain à la rencontre d’exciseuses pour les convaincre d’arrêter cette barbarie, toutefois sans moralisation occidentale. Si elle s’est fait éjecter parfois, d’autres fois son travail a payé.

film418_7-Katoucha_and_Rokhaya_Niang_in_Ramata

Auteur du livre « Dans ma Chair », un livre autobiographique racontant son excision à l’âge de 9 ans, KATOUCHA reste visiblement traumatisée de cette expérience barbare

Extrait : « J’ai 9 ans. Maman m’annonce que nous allons au cinéma. Je suis folle de joie. Nous entrons dans un immeuble qui ressemble à tout sauf à un cinéma. C’est chez ma tante. Elle est médecin. Je ne comprends pas. Mais je suis maman. Je finis dans la salle de bains. Là, l’horreur, l’horreur… En un coup tranchant, un seul, l’horreur. Sans anesthésie. La douleur est inimaginable. On dirait qu’on m’arrache les jambes, le ventre, la douleur monte au cou, à la tête, je hurle je saigne, mon corps se tord dans tous les sens Après, j’ai eu une hémorragie, chaque pansement qui suivit fut un calvaire. Maman me maintient sur la table. Elle ne m’a jamais parlé d’excision. Ce jour-là, dans la salle de bains, je suis devenue une enfant sauvage. Maman m’avait trahie. On guérit d’une blessure physique, mais pas d’un uppercut à l’âme. Et puis j’ai compris que maman a agi au mieux. Elle savait que mes grands-mères ou mes tantes allaient bientôt m’enlever pour me mettre « aux normes ». Mes cousines étaient embarquées par quinze, et c’était le même couteau qui coupait tout le monde. Personne n’est au-dessus de la loi ancestrale, alors maman a pris les devants, pour qu’au moins « ça » se passe dans des conditions sanitaires décentes. Je ne lui en veux pas du tout. Je sais qu’elle a beaucoup souffert. Elle ne me l’a pas dit, je l’ai senti »…

Déstabilisée par tant de torture, Katoucha aura eu des passages très sombres dans sa vie… Problèmes personnels, alcool et perte de la garde de ses enfants…  le 28 février 2008, elle est retrouvée morte noyé dans des conditions troublantes.

"Dans ma chair"

« Dans ma chair »

En effet, je me souviens avoir été choquée d’apprendre sa mort mais surtout : DANS QUELLES CONDITIONS !

Portée disparue le 2 février 2008 dans la nuit alors qu’elle rejoignait son domicile, une péniche amarrée en bord de Seine à Paris. Le dimanche 10 février 2008, la police annonçait qu’elle abandonne les recherches entreprises dans la Seine pour retrouver le corps de Katoucha Niane, estimant qu’il n’y avait a plus d’espoir de la retrouver vivante. Le 28 février, une dépêche de l’Agence France Presse rapporte qu’un corps, qui pourrait être celui de Katoucha Niane. Il a été découvert dans la Seine à Boulogne-Billancourt, à environ 5 km de sa péniche, à la hauteur du pont du Garigliano. Les enquêteurs ont confirmé qu’il s’agissait du corps de Katoucha Niane et que sa mort était certainement accidentelle.

Sa famille se bat toujours pour connaître la vérité quant à son décès (elle ne croit pas du tout à une mort accidentelle par noyade) et a déposé une plainte pour homicide volontaire contre X (jusqu’aujourd’hui l’affaire reste sans suite)…

No Comments Yet.

What do you think?

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.